Confinement en Gascogne et en gascon


Je vous propose de faire le point en gascon sur cette longue période d’embarrament (confinement)

  • Où en est-on ? que pudem a l’embarrat -nous sentons  le renfermé- ; que demoram entutats, a la tutèra (antre, grotte) ; que demoram encornerats  -tapis dans un coin de la salle- ; encornerà’ s  -se rencoigner, se mettre au coin du feu, s’installer dans un coin, le cornèr-  ; encahornats -cachés, retirés, logés dans une tanière, dans un coin obscur et secret- ; encuhorrats, enclotats  -enfoncés  dans un trou, retirés du monde- ; encuhornats  -bloqués comme dans un four-; encucats  ; víver com ua cuca, réfugiés dans un creux, un endroit sombre comme le fait la cuca, la blatte-  ; en.horatats  -cachés, retirés de la société, installés au fond d’un trou- ; encavat  -tapi dans une cave, caché dans un trou, un creux- ; en.hornats  -comme enfournés-  encornerats  -rencoignés, au coin du feu, installés dans un coin, le cornèr
  • Que devient-on ? monarro -personne peu gracieuse, boudeur, à la mine renfrognée- ; huco -peu sociable, méfiant, sauvage- ; tinhahús -taciturne, peu sociable, sournois- ; tumahus -d’humeur sombre, renfrognée, repliée sur elle-même, sournoise- ; ahumat -peu sociable, enfumé comme un jambon- ;  arrevencèr.a -irascible, contrariant- ; arreganchat.ada  -contrariant, rouspéteur- ; hrontèr.a -grossier, brutal-  ; carranhós.a -grincheux, âpre- ; bossalon (frelon) -individu agaçant, bruyant, remuant, s’occupant inutilement-
  • Que peut-on faire pour tuer le temps : har cent lègas autorn d’un caulet -cent lieues autour d’un chou- ; har pishar las clocas ; har com lo pinsan, partir adara, tornar adarron ; eslimacar lo casau ; eslimacà’s lo cervèth (très utile).
    -On peut s’attacher à des taches subalternes  comme cabinetejar  -trafiquer, fouiller dans ses armoires, déplacer et remettre- ;  un proverbe nous conseille pour passer le temps : qui pedaça, son temps passa ; qui non hè arren tanben (faire et défaire, c’est toujours travailler/s’occuper) ; brasoquejar  -attiser le feu- ; cauhinà’s -rester toujours au coin du feu-
    On devient casanier : casaliquèr, maisoèr  ours mal léché : cuca, barbau, barbalò  (insectes) -sournois, renfrogné, asocial-
    -Pour les femme d’intérieur, il se dit : har la cloca ; har la Maria-brasòc ; còaca  -vieille femme qui reste au coin du feu- ; barbolèra -femme qui reste au coin du feu, à côté de la barbòla (cheville fendue servant de chandelier)-
  • Certains s’agitent d’impatience, ne tiennent pas en place : que trepitan ; tabarnejan -s’agitent comme les taons (tabard) – ; d’autes qu’an qu’an bròcs au cuu -agités, remuants, intenables- ; que jupiteran (plusieurs sens) ; trebàten -se démènent, se débattent- ; lo mei tarrible qu’ei de trafanar -être toujours en mouvement, frétiller, tracasser, être comme un rat empoisonné-. Certains deviennent mirondèu -tête légère, un peu folle, qui ne tient pas en place, affairé à des futilités- ; sarpatan.a  -personne remuante qui ne tient pas en place- ; autres agités : tarabastèr ; arpatejaire -remuant, tracassier-. Autes que honejan -font de grands gestes dans le vide, comme qui actionne une fronde-  -Certains sont comparés à la balaguèr.a,  le puissant vent du sud ; pour désigner une personne active, remuante, voire incontrôlable- ; viroliu a le même sens. Pour ceux qui ne tiennent pas en place on dit : lo molet que’u prud ; qu’a minjat crabòt   (ne pas confondre avec « har l’uelh de crabòt » qui est partir dans l’autre monde) ; qu’a argent viu dessús -qui ne tient pas en place, actif, remuant- ;  non pòt pas càber a la pèth  -il/elle ne peut contenir dans sa peau, turbulent -autre sens de vaniteux qui se gonfle-
    Pour  se dégager d’une position gênante (sortir de l’ornière) : que’s dit : tirà’s d’un desencombre  -position embarrassée- ;  desentravà’s ;  desglontir -dégager, désembourber- ; desencatalinà’s  -se  secouer, sortir de sa torpeur-

    On voudrait donc :  har sortir lo crepaut deu horat ;  desempetegà’s  -se dépêtrer, se dégluer, se sortir d’embarras- ;  alatà’s -se détendre, aspirer profondément-  ; aisinà’s  -prendre enfin ses aises, se décontracter en laissant les soucis de côté- ; desagorrupí’s  -se détendre, se dégourdir, quitter son air renfrogné- ; desahumà’s -se désenfumer, sortir, se mettre au grand air, dégager son esprit des idées qui le troublent- ; desencatalinà’s  -se dégourdir, sortir de sa torpeur- ; desagroà’s  -se désagréger de la torpeur, se secouer, se dégourdir-; desentutà’s, destutà’s  -sortir de son trou, s’arracher à la maison, prendre une bouffée d’oxygène-

  • Nous attendons donc impatiemment l’heure du déconfinement ; de desacessà’s (sortir de son abri) ; desentutà’s ; desencahorà’s ; descahorà’s  -sortir d’une caverne- ; desclastrà’s, desenclaustrà’s  -sortir du cloître- ; desenconhà’s  -quitter son coin, son repaire- ; descucà’s  -sortir de son repaire comme la blatte-
  • Car enfin, nous pourrons bouger à volonté :
    bolegar mei que mei -remuer ad libitum- ; esbate’s com un pèc -s’ébattre- ; segotí’s la pèth -se secouer- ; dà’s torn  -se promener où bon nous semble-  ; dà’s ua desgordida  -se donner du mouvement- ; hà’s anar la codena  -trimballer sa couenne par monts et par vaux- ; har córrer la sabata  -faire courir la savate- ; dà’s ua tranlada  -s’ébattre, danser pour danser- ; ancar -actionner les hanches, marcher vivement- ; arcandar, arcandejar -aller et venir où bon nous semble- ; desborregà’s -se réveiller, se secouer, se remuer, se dégourdir, contrairement à la borrega, vieille brebis–
  • Enfin nous serons sortis d’un mauvais pas  : virat-s’at ; acampats ;  tirar-se’n shens peishic ni pelat ; tirats de la hanga ; desempenats, desengravats ;  destramalhats -se sortir d’une affaire embrouillée- tirats d’ua malavirada ; passar lo saut ; tirats de l’arroderat (ornière)-
    … et de son isolement : sortir a la lutz  -se montrer au grand jour- ;   desenhoratats ;  desenhornats  -sortir de chez soi- ; desencahorats  -sortis d’une caverne, d’une cachette-
    Afin de :
    Prendre ses aises en toute décontraction  : aisà’s ;  eslasà’s ; esvagà’s -se donner du plaisir, se délasser- ; prosejar  -prendre le temps de parler tranquillement tout en se promenant- ;  alaisà’s ; alatà’s -se détendre, aspirer profondément-  ; aisinà’s ; desagorrupí’s  -se détendre, se dégourdir, quitter son air renfrogné- ; desahumà’s -sortir, se mettre au grand air, dégager son esprit des idées qui le troublent- ; desamorrí’s  -se désengourdir, guérir du tournis- ; desencatalinà’s  -se dégourdir- ; desagroà’s  -se désagréger de la torpeur, se secouer, se dégourdir-
  • Et nous aurons :
    Ua jòia destermenada -joie sans limite- a har-se’n tocar los pès au cuu, en ayant la poriqueta, la gatina  -être sur un petit nuage- ; heureux comme : urós com un saumon au gave ; urós com arrats au palhèr, au burguèr ; urós com pedolh en perissa (tignasse). Nous pourrons alors hà’s ua pinta de bon sang  et pousser  anilhets et arrenilhets -cris de joie ioulés- dans une gueuda  -état de liesse, réjouissance générale-
  • Pour célébrer la libération nous ferons un pic au crimalh (marquer l’événement d’une pierre blanche) en hicar la pora au topin -signe d’heureux événement.

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