Sensibilisation au béarno-gascon

Petite page sans prétention si ce n’est celle de faire entrer tout en douceur ceux qui le désirent, dans notre langue vernaculaire.

Premier (petit) cours  (mots écrits en phonétique-pour le moment-) :
ADICHATS (au revoir ou parfois bonjour en vouvoyant)
ADIW (bonjour en tutoyant)
Il y a beaucoup de synonymes pour dire au-revoir, pour la séparation. Par contre, pour la rencontre, hormis adichats et adiw, c’est un peu maigre. On peut dire boun dïo (bonjour) De loin, ça peut être hòw, héw !
La raison en est qu’on profite de la séparation pour s’encourager, se montrer de l’affection, échanger des avertissements, etc.. Il en est pratiquement de même en français. Par contre la rencontre peut avoir une incidence sur la séparation, donc les salutations peuvent être plus réservées….
A bien intégrer les formules verbales voisines : qu’éy et qu’èy qui vont se rencontrer à tout bout de champ.
Qu’èy, c’est j’ai… et qu’éy, correspond à c’est, il est..
C’est la base des verbes avoir et être.
Pour terminer, un mot utilisable de suite, c’est PROU,
assez !
en roulant bien le R. A répéter toute la journée !!
Et on associe qu’èy et prou avec que n’èy prou : j’en ai assez.
Adichats !

 

Deuxième (petit) cours  :
Dans la perspective de pouvoir se faire plaisir en utilisant de suite le béarnais, on va écrire entièrement les verbes avoir et être au présent, qui de plus interviennent comme auxiliaires dans les temps composés.(qu’an cantat→ ils ont chanté).
►Abé (aver)
……………..
Qu’èy …… t (soif)
Qu’as …… hami (faim) -on porte l’accent tonique sur a
Qu‘a ….. t (froid) -en roulant le r
Qu‘abém ….. cawt (chaud)
Qu‘abetz ….. droumit (dormi)
Qu‘an ….. cantat (chanté)
Le Que devant le verbe s’appelle un énonciatif. Il y en a d’autres que nous verrons.

►Estar (être)
……………….
Qué souy …. urous (heureux)
Qu’ès …. ací (ici)
Qu’ey …. un beròy dïo (une belle journée)
Qu’èm …. biarnés (béarnais)
Qu’ètz …. awlourounés (oloronais)
Qué soun ….. amassa (ensemble)

Quelques adverbes de base à savoir par cœur.
qui nous permettront de pouvoir faire vite des phrases.
adaro (maintenant) … le o terminal se prononce de manière adoucie, un peu comme le o de port, qui tendrait légèrement vers le a……dé tiro (tout de suite) ; bètlèw (bientôt) ; alabéts (alors) ; déspuch (depuis) ; toustém (toujours) ; éngwèro (encore) ; douma (demain) ; soulidé (bien sûr, évidemment) ; diyèw (peut-être) ; arré (rien) ; brigo (pas du tout) ; chic (peu) ; drïn (comme une sonnette – un peu) ; hèro (beaucoup) ; akiw (là) ; daban (devant) ; darrè (derrière) ; héns (dans) ; déhéns (dedans) ; dehòro (dehors) ; méy (plus)
On peut faire déjà des phrases avec les verbes avoir et être. Exemple : qu’èy toustém hami (j’ai toujours faim).
Entraînez-vous avec tout çà !!!
Adichat e bou dîo a touts !

 Troisième (petit) cours  :
█Nous allons pour commencer jeter un petit coup d’œil sur les articles indispensables pour composer des phrases conséquentes. (en français le, la, les, un, une, des)
En général, en béarnais, ce sont lou (le), la, ü (un), üo (une) …etc. Dans le Haut-Béarn, de tout temps, on adopte les articles qu’on appelle montagnards ou pyrénéens, qui courent jusqu’en Ariège en s’étendant aux piémonts.
Le, les ►éth.s ; la, les ►éra.s ; l’ ► er’ (valable pour les 2 genres)
Exemple : eth casaw (le jardin) ; éra maysou (la maison) :
eths amics (les amis) ; éras hénos (les femmes) ; er’amic ; er’annado (année).
Des contractions se font comme a eth.sath.s ;
a éra.s ►ara.s ; eth.s►deth.s ; éra.s ►dera.s.
Nous allons ajouter dans notre escarcelle (tenez-la bien fermée) les jours de la semaine :
dilus (lundi) ; dimars (mardi) ; dimèrs ; diyaws (jeudi) ; dibés (vendredi) ; dissapté (samedi ): diménnyé (dimanche). Désormais vous ne direz plus le week-end, mais la diménnyado
█N’oublions pas les chiffres : ü, dus, trés, qwaté, cïnc, chéys, sèt, wéyt, naw, dèts… bïnn (vingt) En général, toutes les lettres finales sont prononcées sauf exception que nous verrons.
█Quelques phrases courantes pour terminer :
Quïn té ba ? Hèro pla ! (Comment vas-tu ? Très bien)
Quïn ès ? Ataw-ataw ! (Comment es-tu ? Couci-couça)
A oun éy eth pay ? Qu’éy dab era may ! (Où est le père ? Il est avec la mère)
Qué’m baw pawsa (Je vais me reposer)
You que m’en baw tribalha (Moi je vais travailler)
*N’oubliez pas de tout vous inscrire dans un carnet.

Quatrième (petit) cours :
Si vous avez tout intégré vous êtes déjà en très bon chemin.
█Nous allons nous étendre sur la prononciation. Lisez bien.
L’accent tonique. Un mot est fait de syllabes ou groupement de lettres comme ici (syl-la-bes).
En général on « appuie » sur l’une d’elles dans la prononciation
-Par exemple pour le mot baco (vaca-la vache) on « appuie » sur la première syllabe ba. En général, les journalistes disent systématiquement ces mots d’une pièce en insistant sur la dernière syllabe quel que soit le cas. On le voit bien avec les mots castillans et ça choque. C’est curieux car cet accent tonique  existe aussi en français bien qu’adouci ; on ne va pas dire une assieteu, le potageu.
►Donc la première chose à savoir, c’est qu’on « appuie » sur l’avant-dernière syllabe lorsque le mot se termine par une voyelle : Aygo (aiga-eau) ; caso (casa-maison) ;  gabe (gave) ; clouco (cloca-poule glousse) ; bòrdo (bòrda-grange) ; carro (carrèra-rue) ; calandreto  (calandreta-alouette) ; éspargno (espertenha-sandale). Les mêmes mots au pluriel subissent quand même cette règle ex : poumos (pomas-pommes)
►La deuxième chose à savoir, c’est qu’on « appuie » sur la dernière syllabe lorsque le mot se termine par une consonne :  Adichats  (adishatz– au revoir) ; arrasïm (arrasim-raisin) ; cabit (cabinet-armoire, placard) ;  poumèr (pomèr-pommier) ; soréy (sorelh-soleil)
Les mêmes mots au pluriel subissent quand même cette règle ex : poumèrs (pommiers)
En opposant gouyat (gojat-garçon) et gouyato (gojata-fille), vous voyez que l’accent tonique change de place.
►La troisième chose à savoir, c’est que lorsque le mot est terminé par un diphtongue (2 voyelles qui se suivent) comme Adiw (adiu-adieu… bonjour, au revoir) on « appuie » sur la première des deux lettres.
Ataw (atau-ainsi) ; maw (mau-mal) ; lèw (lèu-vite) ; abriw (abriu-avril). Le béarnais est très riche en diphtongue et même en triphtongue (3 voyelles qui se suivent), qui contribuent à donner un effet chantant à la langue. Avec éy (ei), ay (ai), éw (eu), wéy (uei-aujourd’hui), wéw (ueu-œuf).
;-) Je me suis amusé à écrire cette phrase à répéter, saturée de diphtongues : qu’èy bist wéy a nwéit, wéit wéws bwéits (en normalisé : qu’èi bist uei a nueit, ueit ueus vueits – ce qui donne : j’ai vu aujourd’hui à la nuit huit œufs vides)
►Concernant l’accent tonique, il peut y avoir des exceptions échappant aux règles. Dans ces cas-là, on met un accent sur la lettre concernée. Par exemple ací, qui aurait dû en principe porter l’accent tonique sur le a. On compense donc en mettant un accent sur le i. Il en est de même pour dibés (divés-vendredi) ; miéyé (miélher-mieux) ; bàdé (vàder-naître).

Nous continuons ?  OUI ! –Ò ; KIÒ (que oui) –  NON ?  –NOU ; NANI (que non)  /  A LÈU (A+)

Cinquième (petit) cours  :
Les énonciatifs.
Au début de cette série de mini-cours, nous avons parlé du QUE qui précédait le verbe (Que soi –souy– ; par exemple). On l’a appelé énonciatif (qui sert à énoncer). Le QUE n’est toutefois pas absolument obligatoire.
Outre le QUE (affirmatif) , nous avons également les énonciatifs BE, E et NE.
BE est lié à l’exclamation :  BE cantas plan (bé cantos pla-que tu chantes bien !) ; B’ès beròja ! (bès béròyo-que tu es jolie !) ; Be n’i a ! (bé nya-qu’est-ce qu’il y en a !) ; Be soi urós ! (bé souy urous-que je suis content !)
E introduit une interrogation :  E i a pan ?  (é ya pa-y a-t-il du pain ?) ; E dromes ? (é droumés-tu dors ?)  ; E l’aimas ? (é l’aymos-l’aimes-tu ?) ; E m’escotas ? (é m’éscoutos-tu m’écoutes ?) ; E i ès anat ? (é yès anat-tu y es allé ?) ; E vienes dab jo ? (é biénés dap you-tu viens avec moi ?)
NE indique une négation : NE soi pas hèra hardit ! (né souy pas hèro hardit– je ne suis pas très en forme ! ) – N’i vau pas, non ! (ni baw pas-non, je n’i vais pas !) – Ne cau pas bohar atau ! (né caw pas bouha ataw-il ne faut pas souffler comme çà !)

Pour faire des phrases avec les noms qu’on connaît déjà et que vous avez (bien sûr) inscrits dans votre cahier, nous allons nous servir de certains verbes. On pourra y ajouter les articles eth, era, e’r (le, la, l’)… etc.
Que vedi … (qué bédi-je vois…) – Qu’èi vist (quèy bist-j’ai vu) – Açò que s’apèra… (açò qué s’apèro-cela s’appelle…) – Que gahi … (qué ga-hi..-j’attrape…)  – Que qui … (qué tòqui-je touche…) – Que’m tòqui (je me touche…)  –  Qu’esconi … (qu’éscouni-je cache)  – Qué m’esconi (je me cache..) – Que preni (qué préni-je prends…)  – Que’m preni … (je me prends…) – Qu’espii … (qu’éspi-je regarde)  – Qu’enteni (qu’énténi-j’entends)

De nouveaux mots avec cette image d’une maison (maysou) qu’on peut désigner sous le nom de casa (caso) ou d’ostau (oustaw), selon les secteurs ou selon le desiderata des propriétaires.

Sixième (petit) cours  :
Hommage aux bergers.
►Retour sur la prononciation en faisant la comparaison : on lit, on écrit :
Exemple avec la chanson « Dus pastous a l’ombréto » (Deux bergers à l’ombre)
►On lit :
Dus pastous a l’oumbréto
Qué hasèn u bouquét
L’u kwéyè la briwléto
E l’auwté lo muguét
You qu’aimi l’immourtèlo
Méy que las awtos flous
Coum éy tostemps fidèlo
Ataw soun mas amous
►On écrit :
Dus pastors a l’ombreta
Que hasèn un boquet
L’un cuelhè la vriuleta
E l’aute lo muguet.
Jo qu’aimi l’immortèla
Mes que las autas flors
Com ei tostemps fidèla
Atau son mas amors.

►Et ça signifie :
Deux bergers à l’ombre
Faisaient un bouquet (pour leurs fiancées)
L’un cueillait la violette
Et l’autre le muguet.
Moi j’aime l’edelweiss
Plus que les autres fleurs
Comme elle est toujours fidèle
Ainsi (de même) sont mes amours
►Précision : certains peuvent être surpris de voir des « a » à la fin des mots.
Il faut savoir que ce « a » (fidèla) n’est en fait qu’une convention, laissant
les habitants de tel où tel secteur libres de le prononcer à leur façon…
car cette fameuse voyelle terminale ne se prononce pas partout  de la même façon.
La plupart du temps on prononce ò (port)  mais ces « o » peuvent être modulés
différemment, jusqu’à se prononcer carrément « a » dans certains secteurs.
Dans d’autres secteurs ce « a » a tendance à glisser vers le « e ».
Un ami de Lourdios-Ichère m’a raconté que selon les quartiers de
ce village, cette voyelle terminale st différemment modulée selon les quartiers.
Pour ma part, j’aurais bien vu l’apparition d’une lettre spéciale, mais
une fois qu’on sait qu’il s’agit d’une convention, c’est pareil.

Pour poursuivre cet apprentissage accéléré, vous pouvez vous rendre sur mon
site internet  www.lebearn.net/page6.bearnais.html … 
…. et regarder de près mon Dictionnaire des vallées et du piémont béarnais,
allant 
bien plus loin que la seule traduction.