Confinement en Gascogne et en gascon
Je vous propose de faire le point en gascon sur cette longue période fastidieuse d’ « embarrament » (confinement) que nous avons connue en 2020, par ce texte écrit lors de la première période.
- Où en est-on ? que pudem a l’embarrat –nous sentons le renfermé– ; que demoram entutats, a la tutèra (antre, grotte) ; que demoram encornerats –tapis dans un coin de la pièce– ; encornerà’ s -se rencoigner, se mettre au coin du feu, s’installer dans un coin, le cornèr– ; encahornats –cachés, retirés, logés dans une tanière, dans un coin obscur et secret– ; encuhorrats, enclotats –enfoncés dans un trou, retirés du monde– ; encuhornats –bloqués comme dans un four-; encucats ; víver com ua cuca, réfugiés dans un creux, un endroit sombre comme le fait la cuca, la blatte– ; en.horatats –cachés, retirés de la société, installés au fond d’un trou– ; encavat –tapi dans une cave, caché dans un trou, un creux– ; en.hornats –comme enfournés– encornerats –rencoignés, au coin du feu, installés dans un coin, le cornèr–
- Que devient-on ? monarro –personne peu gracieuse, boudeur, à la mine renfrognée– ; huco –peu sociable, méfiant, sauvage– ; tinhahús –taciturne, peu sociable, sournois– ; tumahús –d’humeur sombre, renfrognée, repliée sur elle-même, sournoise– ; ahumat –peu sociable, enfumé comme un jambon– ; arrevencèr.a –irascible, contrariant– ; arreganchat.ada –contrariant, rouspéteur– ; hrontèr.a –grossier, brutal– ; carranhós.a –grincheux, âpre– ; bossalon (frelon) –individu agaçant, bruyant, remuant, s’occupant inutilement–
- Que peut-on faire pour tuer le temps : har cent lègas autorn d’un caulet –faire cent lieues autour d’un chou– ; har pishar las clocas –aller faire pisser les poules– ; har com lo pinsan, partir adara, tornar adarron –faire comme le pinson ; partir maintenant et revenir dans la foulée– ; eslimacar lo casau –enlever les limaces du jardin– ; eslimacà’s lo cervèth (très utile) –faire un examen de conscience personnel ; évacuer ses idées noires-.
-On peut s’attacher à effectuer des taches subalternes comme cabinetejar –trafiquer, fouiller dans ses armoires, déplacer et remettre– ; un proverbe nous conseille ceci pour passer le temps : qui pedaça, son temps passa ; qui non hè arren tanben (faire et défaire, c’est toujours travailler/s’occuper) ; brasoquejar –attiser le feu– ; cauhinà’s –rester toujours au coin du feu–
–On devient casanier : casaliquèr, maisoèr … ours mal léché- : cuca, barbau, barbalò (insectes des maisons) –sournois, renfrogné, asocial–
-Pour les femmes d’intérieur, il se dit : har la cloca ; har la Maria-brasòc ; còaca –vieille femme qui reste au coin du feu- ; barbolèra -femme qui reste au coin du feu, à côté de la barbòla (cheville fendue servant de chandelier)– - Certains s’agitent d’impatience, ne tiennent pas en place : que trepitan ; tabarnejan –s’agitent comme les taons (tabard) – ; d’autes qu’an qu’an bròcs au cuu –d’autres ont des épines au cul ; agités, remuants, intenables– ; que trebàten –se démènent, se débattent– ; lo mei tarrible qu’ei de trafanar –le plus terrible c’est d’être toujours en mouvement, frétiller, se tracasser, être comme un rat empoisonné-. Certains deviennent mirondèu –tête légère, un peu folle, qui ne tient pas en place, affairé à des futilités– ; sarpatan.a –personne remuante qui ne tient pas en place– ; autres agités : tarabastèr ; arpatejaire –remuant, tracassier-. Autes que honejan –font de grands gestes dans le vide, comme qui actionne une fronde– -Certains sont comparés à la balaguèr.a, le puissant vent du sud- pour désigner une personne active, remuante, voire incontrôlable– ; viroliu a le même sens. Pour ceux qui ne tiennent pas en place, on dit : lo molet que’u prud (le mollet le démange) ; qu’a minjat crabòt (il a mangé du chevreau ; ne pas confondre avec « har l’uelh de crabòt » qui est tourner de l’oeil, partir dans l’autre monde) ; qu’a argent viu dessús –qui ne tient pas en place, hyper actif, remuant– ; non pòt pas càber a la pèth –il/elle ne peut contenir dans sa peau, turbulent ; autre sens de vaniteux qui se gonfle–
Pour se dégager d’une position gênante (sortir de l’ornière) : que’s dit : tirà’s d’un desencombre –tenter de s’extraire d’une position embarrassante– ; desentravà’s ; desglontir –se dégager, se désembourber– ; desencatalinà’s –se secouer, sortir de sa torpeur-
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- On voudrait donc : har sortir lo crepaut deu horat- (faire sortir le crapaud de son trou) ; desempetegà’s –se dépêtrer, se dégluer, se sortir d’embarras– ; alatà’s –se détendre, aspirer profondément– ; aisinà’s –prendre enfin ses aises, se décontracter en laissant les soucis de côté– ; desagorrupí’s –se détendre, se dégourdir, quitter son air renfrogné– ; desahumà’s –se désenfumer, sortir, se mettre au grand air, dégager son esprit des idées qui le troublent– ; desencatalinà’s –se dégourdir, sortir de sa torpeur– ; desagroà’s –se désagréger de la torpeur, se secouer, se dégourdir-; desentutà’s, destutà’s –sortir de son trou, s’arracher à la maison, prendre une bouffée d’oxygène à l’air libre–
- Nous attendons donc impatiemment l’heure du déconfinement ; de desacessà’s (sortir de son abri) ; desentutà’s ; desencahorà’s ; descahorà’s –sortir d’une caverne– ; desclastrà’s, desenclaustrà’s –sortir du cloître– ; desenconhà’s –quitter son coin, son repaire– ; descucà’s –sortir de son repaire comme la blatte–
- Car enfin, nous pourrons bouger à volonté :
bolegar mei que mei –remuer ad libitum– ; esbate’s com un pèc –s’ébattre comme un dératé– ; segotí’s la pèth, las puç –se secouer la peau, les puces– ; dà’s torn, largança –se promener où bon nous semble– ; dà’s ua desgordida –se donner du mouvement– ; hà’s anar la codena –trimballer sa couenne par monts et par vaux– ; har córrer la sabata –faire courir la savate– ; dà’s ua tranlada –s’ébattre, danser pour danser– ; ancar –actionner les hanches, marcher vivement– ; arcandar, arcandejar –aller et venir où bon nous semble– ; desborregà’s –se réveiller, se secouer, se remuer, se dégourdir, contrairement à la borrega, vieille brebis– - Enfin nous serons sortis d’un mauvais pas : virat-s’at ; acampats ; tirar-se’n shens peishic ni pelat –s’en sortir indemne– ; tirats de la hanga –sortis de la boue, désembourbés– ; desempenats, desengravats ; destramalhats –se sortir d’une affaire embrouillée– ; tirats d’ua malavirada –sortis d’une mauvaise passe- ; passar lo saut –sortis de l’épreuve– ; tirats de l’arroderat (ornière)…sortis de son isolement– : sortir a la lutz –se montrer au grand jour– ; desenhoratats ; desenhornats –sortis de chez soi– ; desencahorats –sortis d’une caverne, d’une cachette–
Afin de :
•Prendre ses aises en toute décontraction : aisà’s ; eslasà’s ; esvagà’s –se donner du plaisir, se délasser– ; prosejar –prendre le temps de parler tranquillement tout en se promenant– ; alaisà’s ; alatà’s –se détendre, aspirer profondément– ; aisinà’s ; desagorrupí’s –se détendre, se dégourdir, quitter son air renfrogné– ; desahumà’s –sortir, se mettre au grand air, dégager son esprit des idées qui nous troublent– ; desamorrí’s -se désengourdir – guérir du tournis– ; desencatalinà’s –se dégourdir– ; desagroà’s –se désagréger de la torpeur, se secouer, se dégourdir– - Et nous aurons :
Ua jòia destermenada –joie sans limite– a har-se’n tocar los pès au cuu, en aver la poriqueta, la gatina –être sur un petit nuage– . Nou serons : urós com un saumon au gave –heureux comme un saumon dans le gave– ; urós com arrats au palhèr, au burguèr –heureux comme des rats dans la paille– ; urós com pedolh en perissa –heureux comme un pou dans la tignasse-. .Nous pourrons alors hà’s ua pinta de bon sang –se faire une pinte de bon sang– et pousser anilhets et arrenilhets –cris de joie ioulés– dans une gueuda –état de liesse, réjouissance générale– - Pour célébrer la libération nous ferons un pic au crimalh –marquer l’événement d’une pierre blanche– ; en hicar la pora au topin –en mettant la poule au pot ; signe de survenue d’un heureux événement–
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