La grammaire béarnaise

Il est fortement conseillé aux débutants de commencer par ICI

« ..Plus que les mots ce qui caractérise une langue, ce qui lui donne son originalité, c’est sa grammaire, autrement dit les formes dont elle dispose pour déterminer le genre, le nombre, la personne, le temps, le mode etc…(la morphologie) et la façon dont elle unit les termes pour représenter les rapports des idées (la syntaxe). Pour ce qui touche le béarnais, la morphologie est assez bien conservée mais la syntaxe est fort menacée par le français…. En grammaire comme en vocabulaire, notre grand maître c’est le peuple et, dans le peuple, ceux qui gardent le mieux les règles traditionnelles de notre langue, ce sont les vieux. En les écoutant parler, les enfants ne retiennent pas seulement que les mots mais aussi la façon de les lier et de les présenter dans une phrase -c’est à dire, la syntaxe-. Cette partie de la grammaire est, peut-être, la plus originale du béarnais et jusqu’à présent nous l’avons nettement mieux conservée que les autres dialectes du midi  »  -J.Bouzet-

I°) LES ÉNONCIATIFS:

* En gascon comme en béarnais , le verbe est généralement précédé d’une particule énonciative (qu’il ne faut pas confondre avec un pronom relatif.) : C’est une des particularités de ces langues
qui les distinguent non seulement du français, mais aussi des autres dialectes occitans .   
                            Les 3 particules les plus employées sont : 
QUE / AFFIRMATION : Ex= Que m’en vau tà casa ( je vais à la maison) 
L’òmi qu ‘aima lou pan (l’homme aime le pain).
Remarquez ici que l’énonciatif se place entre le sujet et le verbe.
Autre particularité = il ne peut être séparé du verbe que par des pronoms personnels ou adverbiaux.
BE / EXCLAMATION : Be cantas plan (que tu chantes bien)
B‘ arribas hèra tard (que tu arrives très tard).
Be se place toujours devant le verbe; il ne peut être séparé du verbe que par des pronoms personnels ou adverbiaux. 
E / Pour introduire l’ INTERROGATION :
E cantas ? (chantes-tu?):
* Pour introduire le SOUHAIT: E cantéssem tostemps atau ! (que nous chantions toujours ainsi ! )
* Pour rappeler une conjonction, un pronom relatif: Quan lo cocut E canta (quand le coucou chante).
Que coneishi lo cocut qui tot dia E vien cantar. (Je connais le coucou qui vient chanter tous les jours) .
*Dans les propositions incises, avec les verbes « diser », « respóner » etc…:
      Que m’en vau, E responó lo pair (je m’en vais répondit le père)
 AUTRES PARTICULES EMPLOYÉES : NON……PAS/ NE…..PAS : mêmes particularités que les précédentes.
 N‘enteni pas ço qu’im dises; (je n’entends pas ce que tu me dis)
 – N‘as pas briga de vergonha (tu n’as pas du tout honte)
– Ne (ou n’i) a pas arren (il n’y a personne)
 ÇA, CE, CI, CO :
– Ces particules servent à introduire des propositions incises en se plaçant devant certains verbes
  déclaratifs comme dire , répondre… Quina calor! » ce ditz jausèp (quelle chaleur ! dit Joseph)
              » Ça-i dab jo ! » ce‘m digó Joan (viens avec moi! me dit Jean)

II°)LA PHRASE NÉGATIVE :

Elle s’articule autour des locutions non.(noun)….pas et ne……pas. L’énonciatif « que » devient donc .
Ne soi pas cadut : (je ne suis pas tombé) .
Non l’èi pas vist : (je ne l’ai pas vu).
Non disi pas arren . ( noun disi pas arré ) = Je ne dis rien.
N’enteni pas arrès = Je n’entends personne.
Ne l’èi pas trobat en lòc. = Je ne l’ai trouvé nulle part.
N’ i credi pas guaire. = Je n’y crois guère.
Ne l’aperi pas jamei. = Je ne l’appelle jamais.
Non m’a balhat arren. = Il ne m’a rien donné.

-Les autres dialectes occitans se contentent de « pas », placé après le verbe.

III°) LES DÉTERMINANTS :

1°) Les articles définis : il existe 2 systèmes différents selon les contrées, mais pouvant cohabiter.

Premier systèmeDeuxième système (forme montagnarde)
singulier

plurielsingulierpluriel
masculinlolos

masculineth/er’eths
fémininlalasféminineraeras
le mainatlos mainats

eth, er’ aso eths asos
la mainadalas mainadasera mainadaeras mainadas
* Les articles lo , la , s’élident (perte de la voyelle) devant un nom commençant par une voyelle.
          Il n’en est pas de même pour los et las./ l ‘ ueu (wouew) – los ueus / l’ombra – las ombras
* Dans le premier système , la contraction ne concerne que les formes masculines de l’article.
          -exemples = au vilatge ; lo can deu vaquèr ; peus camins ; suu pic ; suus monts ; tau marcat ;  taus mainatges ; entau prat ; dincau matin
Article précédé de :singulierpluriel
aa lo ……….aua los………aus
dede lo……….deude los……….deus
perper lo……….peuper los……..peus
sussus lo……….suusus los……..suus
tà lo………..tautà los……..taus
entàentà lo……….entauentà los……..entaus
dinc àdinc a lo……..dinc audinc a los……..dincaus
* Dans le deuxième système (forme montagnarde) , les contractions se font aussi au féminin.
exemples = ath vilatge ; ara vile ; dera maison ; peth pont ; dincath matin ; entath mercat
article
précédé de :
ethethseraeras
aa eth…..atha eths….athsa era…..araa eras…..aras
dede eth…..dethde eths…..dethsde era…..derade eras…..deras
perper eth….pethper eths….pethsper era…..perapereras….peras
tà eth…..athtà eths…..athstà era…..taratà eras….taras
entàentà eth…entathentà eths…entathsentà era…entaraentà eras…entaras
dinc adinc a eth…dincathdinca eths…dincathsdinc a era…dincaradinc a eras…dincaras
 Remarques valables pour les 2 systèmes :
– Le démonstratif neutre « çò  » suivi de la préposition « de » joue souvent le rôle d’un article.
                Exemple = çò de men ; çò de beròi, ço de dit qu’ei dit
– Suivi du relatif, il correspond au français « ce » : que hè çò que vòu (il-elle-  fait ce qu’il-elle- veut.) ; que’m portaràs çò qui’m cau . (tu me porteras ce qu’il me faut)
-Suivi de la préposition « de » , + adjectif ou participe, il les substantive  ;çò de dit qu’ei dit. (ce qui est dit , est dit ) ; çò de vieilh qu’ei cadut.
En çò de signifie chez : que soi en çò deu vesin. ( ké souy èn çò dou bési) = je suis chez le voisin.
– L’article suivi de la préposition « de » ou du pronom relatif « qui » prend la valeur d’un pronom démonstratif:
Exemple = que passegi lo men can e lo de ton pair. / que passegi eth men can e eth de ton pair.Lo que sap devisar que s’en tira tostemps (celui qui…)

2°) Les articles indéfinis:

singulierpluriel
masculinun (u)……..un0
fémininua (üo)……..une0
Exemples = singulier : un pomèr (u poumè) = un pommier ; ua poma (üo poumo) = une pomme
pluriel : que mingi pomas. ( ké míndji poumos) = je mange des pommes.
* Les pluriels « uns » –  » uas » (uns, unes) existent avec le sens de « quelques »
mais ils s’utilisent peu dans la langue parlée usuelle.

3°) Les démonstratifs :

sujet parlantACIU (ici)

AQUIU (là)ACERA (là-bas)

SPSPSP
masculinaqueste

aquestes

aqueth

aquethsacethaceths

fémininaquesta(o)aquestas(os)

aquera(o)

aqueras(os)

acera(o)aceras(os)
 Remarque : les mêmes formes sont à la fois pronoms et adjectifs .
ADJECTIF : aqueste libe (ce livre)
PRONOM : quau libe e vòs ? aqueste o aqueth ?

                          ( quel livre veux-tu ? celui-ci ou celui-là ? )
– Si l’objet est tout près de celui qui parle , on emploie aqueste etc…
– Si l’objet est un peu plus éloigné , on emploie aqueth etc…
– Si l’objet est encore plus éloigné, on emploie aceth etc…

4°) Les possessifs :

Forme articulée

Forme simple

masculin

fémininmasculin

féminin

lo men
lo ton
lo son
la mia
la toa
la soa
Smon
ton
son

ma
ta
sa
lo noste
lo vòste
lo lor
la nosta
la vòsta
la loa

noste
vòste
lor, son

nosta
vòsta
lor, sa
los mens
los tons
los sons
las mias
las toas
las soas

Pmos
tos
sos

mas
tas
sas

los nostes
los vòstes
los sons

las nostas
las vòstas
las soas

nostes
vòstes
lor, sos
nostas
vòstas
lor, sas
Remarque : la forme articulée est plus employée que la forme simple:
          on dira « lo men can » (mon chien) plutôt que « mon can ».
– La forme articulée sans article peut être employée comme attribut:
           aquesta règla qu’ei mia , aquera qu’ei toa……..Signifie alors « à moi , à toi , à lui «
– On dit indifféremment « la nosta mair » = (notre mère) ou « la mair nosta »

4 °) Les interrogatifs : Deux interrogatifs très utilisés : Quau et Quin

singulier

pluriel

singulier

pluriel

masculin

QUAUQUAUSQUINQUINS

féminin

QUAU

QUAUS

QUINA

QUINAS

– Exemples : quau chivau ei (lo) ton? (quel est ton cheval?) ;
quaus cavalas son (las) toas?
 (quelles juments sont les tiennes?) 

Quin chivau as crompat ? (quel cheval as-tu acheté?) ;

Quinas cavalas as crompadas ? (quelles juments as-tu achetées?)

IV°) LES PRONOMS :

1°) Les pronoms personnels sujets :

singulierpluriel
1° personnejo (jou ou you)nos (nosautes)…(nosautas)
2° personnetuvos(vosautes)…(vosautas)
3° personneeth / eraeths / eras

 Remarque : le pronom féminin est omis devant le verbe.
          exemple = que canti beròi ; on ne l’emploie que pour insister sur le sujet.

2°) Les pronoms personnels compléments :

singulier

pluriel

1° personne

menos ; nse (sé)

2° personne

te

vos ; ve (pé)
3° personne

masculin

lo

los

« féminin

la (direct)
lo (indirect)

las (direct)
los (indirect)

« neutre

at / ac
en
i (pronom de lieu; en français y)
at / ac
en
i

« réfléchise, sise, si
Exemples : ajudatz-me ! (aidez-moi) ; que la vau cercar (je vais la chercher) ;
balhatz-lo un drin de pan ( donnez-lui un peu de pain) ; qu’at avè dit (je te l’avais dit).
* Une des principales caractéristiques du béarnais et du gascon est l’emploi de pronoms personnels tronqués s’appuyant sur la voyelle qui  précède ou qui suit.

a ) ÉLISION devant un mot commençant par une voyelle : { sauf à la 3° personne du pluriel : que ‘ us enteni
( je les entends ) } que l’apèri ———————- je l’appelle
que m’ aima (ayma)—————-il, elle m’aime
que ns’ aidèm——————–nous nous aidâmes
que v’ ajudarèi———————je vous aiderai 

b ) APPUI sur la finale vocalique du mot précédent, quand le mot suivant commence par une consonne.
que ‘ m lhèvi ——————–je me lève
que ‘ ns ditz——————-il nous dit
que ‘ vs disi——————-je vous dit
que ‘ u vedi——————-je le vois 

c ) MAINTIEN de la forme pleine quand le pronom n’est en contact avec aucune voyelle.
ditz-me çò que vòs——————dis-moi ce que tu veux
*Remarque: A l’infinitif, le R tombe; on emploie donc les formes tronquées ..entà prene’u (pour le prendre)

GÉNÉRALITES
Le pronom personnel indique la possession -exemples-      
    – Que’s ganha pla la vita…………….il gagne bien sa vie.
    – Que n’s an panat lo can ………..on a volé notre chien
Le pronom personnel insiste sur l’idée exprimée par le verbe et personnalise l’action:
    – Que s’an bevut tot lo vi…………….ils ont bu tout le vin (à eux seuls)
    – Que’m guardi los sòs……………je me garde l’argent

V°)LES ADJECTIFS QUALIFICATIFS :

En général, on ajoute pour le féminin un a au masculin

— 1) Adjectifs terminés par une consonne: prim/prima ; hòrt/hòrta ; petit/petita ; vielh/vielha
La consonne sourde simple se sonorise : pèc/pèga ; mut/muda ; (c devient g, p devient b, t devint d)
-Il y a cependant des exceptions: le th masculin devient « r » au féminin: bèth/bèra ; aqueth/aquera
— 2) Adjectifs terminés par un diphtongue: beròi/beròia
Pour les adjectifs terminés par ou, iu , au : si le u vient d’un l ou v latin,
ce l et ce v réapparaissent au féminin: nau/nava ; tardiu/tardiva ; hòu/hòla

  

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