Les bases de la langue béarnaise
Il est fortement conseillé aux débutants qui veulent apprendre le béarnais, de commencer par ICI -page sonorisée- (en cours de construction)
Concernant les débutants qui ont commencé par la page au contenu en phonétique, dans la page présente qui lui fait suite, nous emploierons la graphie normalisée
pour mieux appréhender par la suite grammaire et conjugaison
qui demandent des enchaînements logiques.
La prononciation :- Entre crochets: l’alphabet phonétique international .
1°-Voyelles:– a > se prononce différemment selon les contrées
–en général comme en français-, sauf :
– Après la syllabe portant l’accent tonique, il se prononce en général (o) , c’est-à-dire o affaibli (comme dans port), parfois oe ou a affaibli dans certaines contrées. La vaca se prononce (la bakoe). Ce a est avant tout une convention car on peut trouver selon les secteurs, des déclinaisons légères en e ou même a – à > se prononce toujours franchement (a) quelle que soit sa position. [a]
– Le e final atone est très souvent prononcé oe
– e et é > se prononcent é : ex=dever (devoir) se prononce (débé).
L’accent indique l’accentuation tonique. [e]
– è se prononce comme en français.
– o et ó > (sans accent et avec accent aigu), se prononcent comme le français ou :
ex =jo (je, moi), donne you. [u]
– ò > (accent grave) se prononce toujours comme en français : ex=òc (oui) , comme le o de donne [o]
– i et í ; u et ú se prononcent comme leurs homologues français, sauf dans les diphtongues.
– i > (dans un groupe de voyelles). Dans les diphtongues ai, ei, èi, oi, òi, il faut toujours sentir la mouillure du i : ex= lou mes de mai (le mois de mai) se prononce ( lou més dé may)
– u > (dans un groupe de voyelles). Il se prononce toujours comme en français … ( ou comme l’anglais w
quand il est dans un diphtongue, soit [u] – ex= atau (ainsi) se prononce (ataw; ataou)
2°- Les diphtongues : Une diphtongue est formée de 2 voyelles qui se prononcent d’une seule émission de voix
ai -l’ainat / l’aynat (l’aîné) ei -la lei / la léy (la loi) èi -la lèit / la lèyt (le lait) oi -lo coire / lou kouyré (le cuivre) òi -beròi / béroy (joli) ui -se réduit gt à u : lo hruit / lou rut(le fruit) au -la sau / la saw (le sel) eu -lo peu / lou péw (les cheveux) éu -lo cèu / lou cèw (le ciel) òu -un hòu / u hòw (un fou) | ie-ié -mielher / miéillé (mieux) iè -pièla / pièlo (pile) iò -la biòca / la bioko (la nourriture) io -violent / bioulénn (violent) iu -liurar / liourà (livrer) ua -guardar / gouardà (garder) ue -lo huec / lou houéc (le feu) ia -cette diphtongue, lorsqu’elle est atone se réduit à i espiar / éspío (regarder) parguía /parguío (cour) | Les triphtongues Tous les éléments se prononcent : -sieis / si é ïs (six) -puei / pou é ï (le coteau) -uèit / ou è ït (huit) -noviau / noubi a ou (nuptial) -lo profièit / lou proufièyt (le profit) |
3°- Consonnes :
b se prononce comme en français, mais , en position finale il se prononce (p) >> dab (avec) ► dap
c se prononce comme en français, c’est-à-dire (s) devant e et i, mais (k) devant a, o ,u.
d se prononce (t) en position finale.
g devant e et i se prononce soit (j), soit (y) selon les contrées: il en est de même pour la lettre j. [j] ou [z]
– lou gendre va donner (lou yéndré) ou (lou jéndré)
– en position finale, après une consonne, il se prononce (k) : un reng va donner (u rénk)
– lorsqu’il se trouve en position finale après une voyelle, on le prononce (ty) c’est-à-dire t mouillé
h se prononce fortement aspiré (comme l’anglais house), y compris quand il se trouve à l’intérieur d’un mot : ex=la hami (la faim), la hèsta (la fête), bohar(souffler), lo hill (le fils)
– Le h n’est muet qu’à l’initiale quand il précède l ou r dans des mots comme lo hrair (le frère) qui se prononce (ray), lo hroment (le froment) qui se prononce (rouménn)
l : lorsque le double l est précédé d’un i (ill) se prononce en faisant bien entendre les 2 l
n se prononce comme en français dans le corps d’un mot.- En fin de mot et dans les groupes an, en, in, on, un, le n s’affaiblit et sa présence n’est plus sentie que par un prolongement de la voyelle précédente: ex= lo can (le chien) se prononce (lou ca); lo pan (le pain) donne (lou pa).
– En fin de mot, il ne se prononce jamais après un r : ex= la carn ( la chair) se prononce kar.
– Par contre, le n en position finale se prononce toujours dans :
– les finales verbales: ex= que cantan (ils chantent) – les diminutifs en -in : ex= praubin (prawbinn)
r dans le corps d’un mot est toujours roulé ; en fin de mot, il ne se prononce généralement pas :
ex= aperar (appeler) se prononce (apéra) – La mar (la mer) ► la ma
s se prononce comme en français. Le s du pluriel se prononce : mainats (enfants) ► maynatss
t se prononce comme en français. Le t final se prononce sauf lorsqu’il suit une consonne (cas des participes présents par exemple) ex= en cantant se prononce (én cantan)
– Le t final est sensible après une voyelle : cantat (chanté)
v se prononce comme le français b : ex = a vòsté (chez vous) donne a bosté .
Dans certain cas, il se durcit en (p) ex= que’vs disi (je vous dis) se prononce quép disi.
x se prononce comme en français, cependant, dans le préfixe ex suivi d’une voyelle, il se prononce (dz)
ex= examén se prononce édzamén
4°- Prononciation des groupes de consonnes :
– dans bt, il y a généralement assimilation du b : on prononce alors (p-t)
ex= dissabte(samedi) se prononce (dissapte) ou (dissat-te)
– ch se prononce en principe (tch), mais il passe parfois en t mouillé(ty)
ex= un chic (un peu) se prononce (u tchik) ou (u tyik)
Dans les gallicismes, il se prononce comme en français: un chivau (un cheval)
– gn se prononce (n-n) : ex=signar se prononce (sïn-na)
– ih se prononce l mouillé comme le ll du castillan . ex= vieilh (vieux) se prononce biéill.
lo mirailh (le miroir ) se prononce lou miraill.
– nh se prononce comme le gn. ex= nhacar(mordre) se prononce (gnaca)
*Lorsque le h est séparé du n par un point (n.h), il ne s’agit plus d’un n palatal
-l’in.hèr (l’enfer) se dit l’i hèr.
– th se prononce (ty): e x = vetèth (veau) se prononce avec le t mouillé (bétèit),
mais parfois tch, ou parfois simplement t.
– ish (sh en début de mot) se prononce comme le français (ch)
ex= adischatz (au revoir) se prononce adichat
5°-Les accents :
a) L’accent grave ( è ) sur e et o indique un changement du son de la voyelle. Il indique qu’un doit
le prononcer franchement et non affaibli en (oe) oe (o). A noter que l’accent dans à, è, ò se trouve toujours à l’emplacement de l’accent tonique.
Remarque : -Il n’y a pas d’accent circonflexe en béarnais.
b) L’accent aigu ( é ) a pour unique fonction de marquer la place de l’accent tonique.
La sonorité de la voyelle demeure la même que lorsqu’elle ne porte pas d’accent :
les voyelles sous la forme de é, í, ,ó, ú . Le á ne se trouvent pas en Béarn..
c) L’accent tonique: Lorsqu’un mot a plus de deux syllabes, l’une d’elles porte l’accent tonique.
-La syllabe tonique est celle sur laquelle la voix s’élève.
La place de l’accent tonique est indiquée par les règles suivantes:
— Première règle: Quand un mot est terminé par :- une voyelle => aniversari – anniversaire O– une voyelle suivie de s => gascona – gasconne- quand c’est une 3° personne du pluriel terminée par n => que cantan – ils chantent.
L’ACCENT TONIQUE EST SUR L’AVANT-DERNIÈRE SYLLABE
—Deuxième règle : Quand un mot est terminé par :- une consonne autre que s ou que n de la 3° personne du pluriel du verbe => anem – allons
L’ACCENT TONIQUE EST SUR LA DERNIÈRE SYLLABE.
— Troisième règle : Quand un mot est terminé par un diphtongue
(c’est-à-dire 2 voyelles) => adiu – adïou– (bonjour, au revoir ) :
L’ACCENT TONIQUE EST SUR LA PREMIÈRE DES 2 VOYELLES.—Certains mots n’obéissent pas à cette règle, mais dans ce cas, l’accent est marqué ; ex : divés (vendredi).. Pour obtenir les sons « ò » ( comme bol en français ) : lo còth et » è » ( comme père ) bèth , on écrit l’accent tonique.
De même, les mots ci-contre font exception : miélher (mieux) – vàder (naître) etc…
6° – Autres signes : –le tréma ( ï ) : il se place sur la voyelle qui ne suit pas la règle du diphtongue, il marque la diérèse.
Exemple = reünion se prononce (ré-uniou) et non (réwniou).
Il en est de même pour les autres voyelles comme : païs , poësia.
Dans les groupes de lettres comme güe ou qüe ou prononce (gwé) ou (qwé) : enqüèra se prononce (énkwèro) /encore/
– le trait d’union ( – ) : il s’utilise dans certains mots composés, dont certaines particularités : – les mots formés d’une proposition entière : un minja-quan-n’a
– les mots composés de 2 verbes à l’impératif : vira – revira
– les mots dont le premier élément est variable : un gat – esquiròu
– les mots composés avec des préfixes : lo vice – rei.
* Il sert également à la coupure des mots en fin de ligne; dans ce cas, on ne coupe jamais à l’intérieur des groupes de lettres ch , sh , lh , nh , th .
– le point intérieur ( . ) : on utilise en gascon et en béarnais un signe appelé » point intérieur ».
Il se place à l’intérieur d’un mot pour éviter que le n suivi d’un h soit prononcé (gn) ou que le s suivi d’un h soit prononcé (ch). Exemple = l‘in.hèrn se prononce (l’i-hèr) ; es-hlor se prononce (ézlou).
Un exemple de lecture ci-dessous :
On écrit: Dus pastors a l’ombreta Que hasèn un boquet L’un coelhè la vriuleta E l’aute lo muguet. Jo qu’aimi l’immortèla Mèi que las autas flors Que serèi tostemps fidèla Atau son mas amors. | On entend: Dus pastous à l’oumbréto Qué hasèn u bouquet: L’u coueillè la brïouléto E l’auté lou muguét You qu’aymi l’immourtèlo Méy que las aoutos flous Qué serèy toustém fidèlo Ataou soun mas amous. |
…et ça veut dire : Deux bergers à l’ombre faisaient un bouquet L’un cueillait la violette et l’autre le muguet Moi j’aime l’immortelle (l’edelweiss) plus que les autres fleurs (Comme elle) je serai toujours fidèle ; ainsi sont mes amours. |
Nota bene : Le béarno-gascon, langue à part entière, s’inscrit dans le grand ensemble occitan ; langue d’òc par rapport à la langue d’oil française et la langue du si, italienne et espagnole ; ceci sans qu’il y ait une notion quelconque de hiérarchie, mais pour des raisons de commodité de communication. Il est vrai que chaque langue s’est modelée sur son propre terroir tout au long des vicissitudes historiques, de façon spécifique, tout en recevant l’influence de ses régions et pays voisins. Le besoin d’accroître les échanges et de s’unir par rapport aux langues officielles, a fait émerger la nécessité d’une normalisation pour l’ensemble des langues occitanes, par rapport à la langue écrite. Les différences, parfois minimes, parfois importantes, concernant la langue parlée, laissent encore morcelé ce domaine, mais dans l’ensemble, ce qui rapproche les dialectes occitans entre eux est bien plus important que ce qui les distingue. Le béarnais quant à lui, a été rapproché du gascon et en fait parie intégrante. L’ensemble occitan s’étend du bordelais aux Alpes; grosso-modo au sud de la Loire. Le gascon est délimité dans un triangle : Océan (hors Pays Basque sauf Bayonne, Anglet, Biarritz) – Pyrénées – Garonne à partir de Toulouse.
Amics , amigas, il y a actuellement environ 6000 langues parlées de par le monde…Dans un siècle, plus de la moitié auront disparu. Nous en serons tous un peu orphelin, car une langue qui disparaît, c’est une partie de nous même qu’on ne connaîtra jamais, une manière d’être ensemble qui nous échappera. Faisons en sorte que le béarnais; son frère jumeau , le gascon et son frère aîné, l’occitan, soient de la partie.
Écrire notre langue est très bien, mais la parler est indispensable (même très approximativement) .